"Mami Wata Invocations" by Claire Châtaigner ✨

C'est avec joie que je vous parle aujourd'hui d'un défilé qui dépasse toutes nos attentes fashion pour rejoindre le monde du créatif et de l'artistique. Un défilé orchestré par Claire Châtaigner dans un décor inattendu: Le Château Musée vaudou de Strasbourg...

Une vidéo publiée par So french By Naty (@sofrench_bynaty) le 31 Mai 2016 à 9h52 PDT

Et ce n'est pas par hasard si Claire Châtaigner a choisi ce lieu si mythique et surprenant. Car loin de nos idées reçues sur le culte Vaudou, ce Musée est une véritable invitation à la découverte d'une culture différente et vivante, grâce à une collection, unique au monde, d'objets vaudou. En effet, lorsqu’on entend parler du vodou, on a plutôt tendance à penser aux scènes vodous hollywoodiennes animées par des transes violentes, des zombies et des poupées percées d’aiguilles plutôt qu’à une philosophie de vie pratiquée par des millions de personnes dans le monde ou des Arts primitifs et Arts Premiers Africains.  
Claire, fascinée par la culture riche de l’Afrique depuis l’Egypte des pharaons jusqu’aux ethnies d’Afrique centrale, d’Est et d’Ouest, s'est inspirée de ce Musée pour créer sa Robe Mami-Wata, originellement « Mother Water » incarnée par la sirène qui ornait la proue des navires portugais à l’époque du commerce triangulaire. Elle avait alors comme mission divine de porter les âmes des proches disparus par la mer vers l’au-delà...
En août 2015, Elle envoie, pour remercier le Château Vaudou de l’inspiration qu’il lui avait offert, 6 tirages photo de la robe « Mami Wata », leur proposant de l'exposer. En réponse, le Château Vaudou lui propose de faire un défilé. Mami Wata fédère ainsi une collection appelée « Mami Wata Invocations » qui raconte un rituel : de la terre à la mer... jusqu’à la déesse.
Voici les différents tableaux :

 ASEN*
La silhouette « Asen » est composée d’un top en tulle métallisé et rebrodé de perles façon poitrail aux motifs des scarifications liées au culte de Mami Wata (triangles). Pantalon en crêpe en forme conique. Coiffe de cuir rebrodée de piécettes métalliques.
Asen *: autel mobile, sorte de pierre tombale portative. Assemblage métallique soudé, formant un cône inversé et évidé, il représente une scène caractéristique de la vie de la personne décédée à qui l’objet permet de rendre culte. Il est gardé caché à l’abri des regards dans une case fermée, et sorti lors des cérémonies en hommage aux ancêtres.  C’est un catalyseur de souvenir, rappel dans la mémoire des vivants, pour empêcher les morts de tomber dans l’oubli.

SCARIFICATIONS
La silhouette « Scarifications » est composée d’un top et d’un legging en cuir aux motifs scarifiés, dos entrelacé de vertèbres. Coiffe en cuir aux motifs scarifiés. Les scarifications peuvent signifier l’appartenance à une ethnie, un rang social, une lutte contre une maladie, un sort, un culte à un ancêtre ou une divinité.

ATCHAKPA* – DIVINITE CROCODILE
La silhouette « Atchakpa » est composée d’une veste rebrodée de coquillages, cuvettes et perles évoquant la peau de l’animal et d’une combipantalon en velours aux découpes larges et asymétriques reprenant les écailles. Coiffe en velours rebrodée de dents.
Atchakpa* : ses adeptes portent des tatouages et des scarifications qui imitent le cuir boursoufflé de l’animal. Il est à la fois celui qui rend hommage aux enfants mangés ou morts noyés par les crocodiles qu’aux crocodiles eux-mêmes. C’est le passeur d’une rive à l’autre, traversée des âmes vers le pays des morts, proche de l’Egypte antique.

FETICHE VODOU
La silhouette « Fétiche Vodou » est composée d’une cape recouverte de plumes, de dents, de cire, de crânes en bois (yeux : swarovskis), cordes, rafia, pigment et terre ainsi qu’un ensemble 2 pièces rebrodé de cordes. Tiare de plumes Le fétiche Vodou est souvent composé de divers éléments symboliques. Les cordes représentent le lien, l’attachement, mais aussi le fait de « verrouiller », « fermer » ou « fixer » la force spirituelle à l’objet qui matérialise la divinité. Les éléments du monde animal : dents et plumes sont souvent utilisées pour rendre hommage à « Aguin » le dieu de la forêt après la chasse.

DAN* – DIVINITE SERPENT
La silhouette « Dan » est composée d’une combipantalon en soierie noir et or. 
Dan* : On dit qu’il réside dans les océans pour sa proximité avec la notion de mouvement qui dans la mer est poussée à son paroxysme. Principe de dynamique de la vie. Les objets auxquels il confère sa force sont censés apporter bonheur mais aussi élégance à ceux qui les portent. Son culte est étroitement lié à celui de Mami Wata.

PRETRESSE
La silhouette « prêtresse » est composée d’une robe en coton à volant. Boubou en coton blanc rebrodé de perles cristal. La prêtresse dédiée au culte de Mami Wata est revêtue de blanc et rend hommage à la divinité en apportant des offrandes en bord de mer.

MER
La silhouette « Mer » est composée d’une robe en tulle blanc rebrodé de cuvettes et perles en motif rappelant la molécule de l’eau façon Egungun*. Cette silhouette rend hommage à la Mer, élément indissociable de Mami Wata ainsi qu’aux riches parures nécessaires à son culte.
Egungun* : personnage masqué représentant un ancêtre défunt, revenu parmi les vivants pour se rappeler à leur bon souvenir.

FILET
La silhouette « Filet » est composée d’une robe en filet de coton rebrodée de coquillages, anneaux, perles et sirènes. Coiffe en filet, anneaux et perles. Mami Wata est une divinité très redoutée par les pêcheurs. Elle représente à la fois la mer nourricière et l’océan destructeur.

SIRENE
La silhouette « Sirène » est composée d’une combipantalon en tulle et paillettes, montée façon marinière. Coiffe en paillettes La sirène est l’image utilisée pour représenter la divinité Mami Wata.

 MAMI WATA
La silhouette « Mami Wata » est composée d’une robe en forme de sirène, rebrodée d’une centaine de tresse de cheveux (rajouts). La capuche en plumes de coq du Berry noires illustrent le lien avec l’aérien, l’au-delà. Le corps de sirène, celui de la déesse et la traîne de la robe composée de crânes et de plumes : le lien avec la terre et les hommes. La réalisation a nécessité 2 mois et demi de travail.

À présent, vous comprenez pourquoi ce défilé prend tout son sens au Musée Château Vaudou. Les créations de Claire Châtaigner, véritables "oeuvres d'art" et loin de toute tendance fashion marketing, dévoilent un souci du détail incomparable, une utilisation de matériaux nobles et surtout un respect total du corps de la femme avec des pièces qui épousent à merveille chaque silhouette. 
Merci Claire pour cette invitation vers l'au-delà de la mode !